Lettre d'un général "amateur" au président

Les militaires sont des amateursUne fois n'est pas coutume, ma boite mail sera l'occasion pour moi d'écrire.
Je viens de recevoir une lettre ouverte au président de la république qui aurait été écrite par un militaire, immatriculé W39006D (remarqué tout de suite qu'on parle d'une personne ayant abandonnée son individualité pour son pays) et publiée par le site du journal Le Point.

Comme toujours, ce que je reçois, je tente de le vérifier.
Mais avant, si vous ne l'avez pas lu, la voici dans son intégralité. On en reparle juste après dans le décryptage.

Monsieur le Président de la République,

Je vous rassure tout de suite, je ne me prends pas pour Émile Zola. N'étant pas très "accro" de l'actualité (surtout pas des sites "people" que vous aimez bien fréquenter), ce ne fut qu'hier (01/07/2008 vers 19 heures - il n'y a pas d'heure pour les braves) que j'ai "ouï dire", à l'écoute d'une radio publique, que vous aviez qualifié les militaires d'"amateurs", etc. Je suis un ancien "amateur" de l'armée de l'air, et vos propos m'ont surpris, pour ne pas dire choqué (NIA = W39006D, je ne me cache pas, les nouveaux "DST+RG" pourront me retrouver). Je fais en effet partie d'une longue lignée d'"amateurs" dont les plus récents se sont permis – quelle indécence - d'être au service de la France, de père en fils, depuis la Révolution (je parle de celle de 1789, pas de celle de 1968, dont vous semblez être un digne héritier, où "je suis antimilitariste" rime avec "je suis un bon citoyen").

Mes ancêtres, donc, dont plusieurs se sont "fait trouer la peau" (ce doit être par "amateurisme" ou manque de "professionnalisme"), doivent se retourner dans leur tombe (ceux qui en ont) à l'écoute des invectives tenues par vous à l'égard de leurs "descendants". Je ne sais si vous avez jamais tenu - ou vu - un fusil (chacun son boulot), mais ceux qui (politique étrangère de la France oblige) ont dû en tenir un (ou en tiennent un), doivent se sentir actuellement bien humiliés par la manière dont vous les traitez.

Enfin ! Vous demandez à ces "amateurs" de "maintenir la paix" en Afghanistan (en accroissant leurs effectifs - ils seront moins dangereux là-bas qu'à arcassonne...), Côte d'Ivoire, Tchad, Kosovo, etc. voire de créer une base française aux Émirats Arabes Unis (il est vrai que, pour des "coins touristiques" comme ceux-là, des "amateurs" suffisent...). Vous leur demandez même, Monsieur le Président, de venir se placer bientôt sous commandement américain (ces derniers doivent bien rire, que vont-ils pouvoir faire des "Frenchies", compter les munitions, peut-être ?). Les "amateurs" - si tant est qu'ils le soient-le seraient certainement moins si le budget de la Défense, Monsieur le Président, servait moins souvent de "variable d'ajustement" aux inepties administratives de tous les énarques qui nous gouvernent (combien d'énarque(s) sur les Monuments aux morts ?).

En effet, l'Armée française pourra bientôt se déployer tout entière sur la place de la Concorde (certains pessimistes osent même citer la place du Tertre) ; je redoute que le Luxembourg (ou Andorre) ne nous envahisse (j'espère que ce jour-là les routiers feront des "barrages filtrants").

Comme nous nous disions entre nous lorsque j'étais militaire, et fier de l'être : "Nous avons la bite et le couteau ; ils vont bientôt nous piquer le couteau !" Pardonnez, Monsieur le Président, mon langage cru, mais à des "amateurs", il ne faut point demander trop, sauf se prendre éventuellement des "balles perdues" en Afghanistan, en Cochinchine (savez-vous où c'est ?) ou au Mexique, voire à Verdun ou au Chemin des Dames.

"L'épée est l'axe du monde, et la grandeur ne se divise pas." Je vous laisse deviner, Monsieur le Président, l'auteur de cette maxime, dont vous prétendez être un héritier (de l'auteur, pas de la maxime - si vous aviez réellement été l'héritier de l'un et de l'autre, vous n'auriez pas tenu de tels propos).

"Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il comprenne" (autre auteur célèbre, qui laissera une trace plus ineffaçable que la vôtre - du moins, je l'espère, sinon c'est à désespérer de l'humanité).

Autre citation : "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire." Les militaires (pardon, "amateurs") eussent été syndiqués, eussiez-vous osé vous en prendre à eux en des termes aussi virulents ? Encore une citation (de mon grand-père, "amateur" blessé plusieurs fois lors de la Première Guerre mondiale) : "Un moment de honte est vite passé."

Sans vouloir vous tenir des propos contrariants, Monsieur le Président, je me permets de vous dire que vous n'aurez plus ma voix en 2012 (peut-être est-ce par "amateurisme"), et je crains que vous n'ayez pas non plus celles de tous ceux que vous venez d'humilier par vos récentes déclarations.

Vous pourrez toujours me dire qu'en 2012, il n'y aura plus beaucoup de militaires...
Questions subsidiaires : "Qui sont les amateurs ? Ceux qui donnent des ordres sans les comprendre, ou ceux qui les exécutent en croyant que ceux qui les donnent les comprennent ?" Le Président de la République n'est-il pas le chef des armées ? Et donc responsable de « l'amateurisme » que vous dénoncez ? Comptez-vous démissionner bientôt, Monsieur le Président, en tant que responsable de cette situation, ou à tout le moins demander celle de votre Ministre de la défense ?

P.S. : Veuillez, s'il vous plait, faire suivre ce courrier, car je ne daigne pas (vue la prochaine taxe sur les véhicules dis "polluants", tels les chars "Leclerc", "Mirage", "VAB" et autres "Rafale"), dépenser une enveloppe et un timbre pour l'acheminer (cela gaspillerait du papier et je redoute de voir fondre sur moi les foudres des adeptes du "développement durable").


Tout d'abord cette lettre a-t-elle un intérêt quelconque à être diffusée ?
Eu égard à son contenu, on peut dire que le droit de réponse (qui n'est pas accordé au journaliste pendant une conférence de presse) mérite cette publication, puisqu'il fait suite à une attaque en règle des forces armées de notre pays par le président de la république lui-même (notez que je suis un non violent, mais que quand on envoi des types au casse pipe, on leur doit un minimum de respect, même si c'est pour protéger des pipelines et des gazoduc)

Cette lettre a-t-elle réellement été publiée sur le site du Point ?
A priori, pas une seul ligne, si ce n'est dans les commentaires de STRELNIKOV (référence à l'acteur russe Artyom Strelnikov) le 2 juillet à 12h27.
On trouve malgré tout une retranscription de cette lettre sur le site de Claude Reichman, et Jérôme Rivière.

Son auteur est-il réellement celui qu'il prétend être ?
Il me semble difficile de dire que non puisque personne n'a remis en question les commentaires ou articles publiés.

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